17 juin 2010

12 juin 2010

Paragouaille


C'est drôle, ces gens - des journalistes, même - qui ne suivent pas l'actualité du soccer mais qui, tout d'un coup, tous les quatre ans, ont une opinion bien tranchée sur le Mondial. C'est l'Espagne qui va gagner, vous lancent-ils avec l'assurance du type qui a suivi le championnat espagnol toute l'année. Demandez-leur, pour le fun, de vous nommer trois joueurs espagnols, ou même un seul.

Ces gens qui se disent grands fans de l'Italie parce qu'ils aiment la pizza ou ont fait leur voyage de noces à San Gimignano, ou parce qu'ils ont appelé leur chien Gino. Et c'est rien à côté de la nullité de ceux qui se disent Brésil.

Moi, je suis Brésil.

Ah bon?

Oui, je les aime, les Brésiliens. Ils dansent quand ils jouent au foot. C'est un ballet. C'est pas comme les Allemands.

Ah bon? Qu'est-ce qu'ils font, les Allemands? Ils rampent?

Ils jouent dur. Tu trouves ça con, ce que je dis?

Complètement. Mais t'as le droit, le Mondial est fait exprès pour ça. C'est pas officiel, mais c'est aussi le mondial du con et du cliché. Le cliché futebol-samba des Brésiliens. Le cliché catenacio (cadenas) italien. Le foot-total des Néerlandais et des Japonais. La realpolitik allemande. Qu'est-ce que tu penses des Suisses?

Ben voyons! Les Suisses!

Quoi? T'aimes pas les Suisses?

Ah, si, sont très gentils, ma belle-soeur est suisse. Elle s'appelle Claudine, comme souvent les madames suisses. T'as pas remarqué? Il y a beaucoup de Claudine, en Suisse. Bref, je l'aime bien, mais je suis pas Suisse, je suis Brésil all the way. Toi, t'es quoi?

Moi, je suis Paragouaille.

On dit Paraguay.

Paragouaille, c'est plus joli.


-Pierre Foglia Cyberpresse