1 avr. 2019

Pour la nuit ou pour la vie?


Au bout du bar bondé de millénariaux que je fréquente parfois, il m’interpelle. Ni pour me draguer ni pour m’inviter à danser, mais il veut un conseil. J’ai l’âge d’en donner, et lui d’en recevoir. Le vécu, c’est une lueur dans l’oeil et une dégaine un peu nonchalante devant l’inattendu de la vie. Un peu comme Jean Gabin qui chante Maintenant, je sais qu’on ne sait jamais.

« La fille que tu vois là, je ne sais plus quoi faire pour que le dossier évolue. On dirait qu’elle me niaise depuis des mois. »

Déjà, « dossier », ça part mal les négos. Première question : « Tu veux quoi ? Pour la nuit ou pour la vie ? »

Un joli garçon, drôle, brillant, un condo à son nom, des paiements sur le char, bon danseur (testé), sûrement une collection de vinyles vintage de jazz ou de whiskys rares chez lui.

« Ben, j’ai 33 ans, une job, j’imagine qu’un moment donné on trouve la fille avec qui on va faire des bébés dans une maison en banlieue avant de s’acheter un chalet… Y’a-tu un autre plan que ça ? »

- Le Devoir