5 juil. 2019

Bonne écoute, mon amour!


Le diamant pénètre le sillon du vinyle 180 grammes de la réédition, en épouse les creux et saillies, en saisit les contours. Jouissance auditive, évocations suggestives. Des cuivres qui pétaradent au lit, des guitares funky-psych au rythme des ébats, de la pop coolissime et de la bossa pour lubrifier le tout sans s’énerver le poil des jambes pendant la partie de jambes en l’air : c’est le programme que propose la bande sonore absolument géniale créée en 1970 par le pianiste-compositeur-arrangeur-chef d’orchestre Paul Baillargeon avec le producteur Dean Morgan pour le film québécois Viens, mon amour.

Viens, mon amour ? Nous, pas connaître. C’est pourtant, comprend-on en lisant la grande double feuille insérée amoureusement dans la pochette, le troisième long métrage « softcore » que produisit Cinépix, après les immenses succès populaires de Valérie (1968) et de L’initiation (1969), déclencheurs de la déferlante de ce qu’on appela au Québec « les films de fesses », véritable partouze commerciale du cinéma d’après la Révolution tranquille. Film néanmoins plus que méconnu, fut-ce par les aficionados du genre. C’est à Sébastien Desrosiers, historien autodidacte de la chanson d’ici, belle tête chercheuse à lunettes, grand dénicheur de pépites psychotroniques, que l’on doit la ressortie inespérée de ce chef-d’oeuvre oublié. Lui et Victor Simoneau-Helwani, cofondateurs de l’étiquette Trésor National.

- Le Devoir