31 juil. 2016

«Médium» saignant (et viril)


Je vais souvent marcher à l’heure où mes voisins se réunissent autour du gril. J’ai beau être végétarienne, humer ces chairs caramélisées sur le barbecue éveille chez moi un réflexe pavlovien. Je rentre affamée. Mais chaque été, je me demande pourquoi ces spécimens de l’autre espèce se retrouvent avec un tablier et des instruments de calibre extrême alors qu’ils n’approchent pas d’un comptoir de cuisine le reste de l’année. Qu’est-ce que le barbecue éveille dans leurs gonades d’aussi puissant qu’ils se métamorphosent en grillardins estivaux prêts aux cascades les plus périlleuses pour ressembler au chef Louis-François Marcotte.

La thèse primitive remonte au chasseur-cueilleur et au besoin atavique de retrouver l’étincelle initiale, qui vient tout de suite après avoir abattu un steak chez Provigo. Le feu. À l’origine de notre espèce, selon certains anthropologues, la capacité de maîtriser la flamme et de cuire des aliments a permis à l’Homo erectus d’avoir un cerveau plus volumineux en facilitant la mastication et en augmentant l’énergie disponible. Dans sa série Cooked (sur Netflix), le journaliste américain Michael Pollan nous explique que les animaux ne peuvent pas cuire leur nourriture et que les dieux aiment les sacrifices. L’être humain se situerait entre les deux.

-Le Devoir